Avec la mondialisation, les pratiques culturelles s’exportent facilement. Ainsi, une nouvelle forme de piercing se répand de plus en plus dans nos sociétés : l’écarteur d’oreilles. Actuellement en mode, on est en droit de se demander d’où provient cette pratique. Quels sont les risques qui y sont liés ? On en parle dans cet article.
Écarteur d’oreilles, c’est quoi ?
L’écarteur d’oreilles est une forme de piercing qui s’introduit dans le lobe de l’oreille. Aussi appelée le stretching, cette pratique a pour objectif d’élargir un trou percé dans le lobe de l’oreille. Mode ou style à notre époque, les origines de cette pratique sont lointaines.
Les origines des écarteurs d’oreilles
Les écarteurs d’oreilles sont une pratique millénaire que l’on doit aux peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amazonie. Cependant, ils ne revêtent pas la même signification chez ces différents peuples. Pour certains peuples, l’objectif était de conjurer les mauvais esprits. En effet, ces peuples croyaient que les oreilles étaient les portes d’entrée pour les esprits qui possédaient l’homme. Alors, ils introduisaient des objets en métal dans les lobes des oreilles afin de pouvoir les conjurer. Ötzi le Iceman (3300 av. J.-C.), découverte en 1991, est la plus ancienne momie humaine ayant les lobes des oreilles étirés.
Ailleurs, comme chez les Huaorani de l’Amazonie, les écarteurs d’oreilles sont des accessoires de beauté. Cela se pratique chez eux dès la tendre enfance. Ils percent les lobes avec la colonne vertébrale d’un tronc d’arbre et les étiraient avec des bouchons de pierre ou de bois. Lorsque les lobes prennent la forme souhaitée, ils ôtent les bouchons. Cela participe à « rehausser » leur beauté. Chez les Mayas, cette pratique permet d’affirmer sa classe sociale. Souvent, ce sont les pièces d’or ou d’argent qui sont placées dans les lobes tendus.
Chez certains peuples d’Afrique, les écarteurs d’oreilles sont une marque du passage de l’enfance à l’âge adulte. Chez les Fulani (Mali, Nigéria, Bénin, etc.) les jeunes pouvaient se percer les oreilles, mais ne pouvaient pas les tendues avant l’âge adulte. Chez les femmes Mursi de l’Éthiopie, cette pratique est un signe de respect et une marque de distinction. Les étirements ne pouvaient se pratiquer avant de l’âge de 15 ans. Sinon, cela signifierait que la jeune fille est prête à se marier et à avoir des enfants. Chez les Maasai du Kenya, la taille de l’étirement varie en fonction de l’âge. Chez les adultes, la taille est plus grande que chez les jeunes, l’étirement étant une marque de respect. Il en est de même dans la tribu Dayak. Autant la personne a les lobes grandement écartés, autant elle est vénérée.
Écarteurs d’oreilles en ce siècle : qu’est-ce que cela implique ?
En ce siècle, les écarteurs d’oreilles sont utilisés pour se démarquer, affirmer une certaine personnalité. Il en existe de plusieurs sortes. Entre autres, on peut citer l’expander en acrylique, le plug en bois, la spirale en acrylique, le tunnel en silicone, etc. Même s’il s’agit d’une ancienne pratique, l’écartement d’oreilles est encore mal perçu chez plusieurs personnes. Ces modifications corporelles ne sont pas acceptées dans le milieu professionnel ni dans les écoles.
De plus, cela implique des risques sanitaires. Si la perforation n’est pas nettoyée comme il est recommandé, le sujet pourrait avoir des problèmes de santé. Il est toujours mieux de se faire perforer le lobe de l’oreille par un professionnel. Sinon, le risque d’infection bactérienne est élevé.
Avoir les lobes des oreilles écartés dispense de certaines activités ludiques et sportives. Ou alors, de minutieuses précautions devront être prises. En effet, une personne avec les lobes écartés pourrait contracter une infection protozoaire ou parasitaire, en nageant dans la mer ou un lac durant la période de cicatrisation. Elle pourrait souffrir de traumatismes si les lobes se font accrocher fortuitement par un autre objet.
Vous l’aurez compris ; l’usage d’écarteurs d’oreilles est une très vieille pratique revisitée aujourd’hui. Avant de s’y adonner, des réflexions doivent être menées. On doit peser le pour et le contre avant de se faire écarter le lobe de l’oreille. Et si tant est qu’on veut vraiment le faire, des précautions doivent être prises. Cela passe par la prise de contact avec un professionnel.
